Je m’appelle Des Roches,
je me suis dit, mais pourquoi ne pas leur proposer une soupe de cailloux?
Enfant, il m’est arrivé à maintes reprises d’en faire, mais jamais au grand jamais n’y ais-je goûté. Mais celle-ci
est différente. Hier, lors de notre pause déjeuner au conseil d’administration
Tom a parlé de « stone soup »; je ne connaissais pas l’expression. Il
s’agit d’un conte datant de 1548 qui a de multiples variantes et de nombreuses
morales. Mais étant donné que la Conférence canadienne des arts vit des moments
pour le moins inquiétants, je me suis dit que cette histoire serait très
appropriée.
Il y a très longtemps
sévissait en notre pays, une grande famine. Un homme errait de villages en villages sans
que nul ne lui donne à manger. Car vous savez, la récolte a été fort mince. En
fait, les gens étaient terrifiés à l’idée de se faire voler ou de partager ne
fût-ce qu’un peu de nourriture.
Les gens du village dirent
à l’homme : « Passez votre chemin monsieur, il n’y a rien à manger
ici. »
« Mais je ne demande
rien à manger, je voudrais préparer une soupe et vous invite tous à la manger
avec moi ce soir. Je vous prépare une soupe de cailloux.»
« Une soupe de
cailloux ? s’écrièrent les villageois, on a bien hâte de voir ça! »
L’homme se pencha pour
ramasser trois cailloux qu’il lava. Il réclama une marmite et de quoi faire un
feu. Les habitants du village l’aidèrent à allumer le feu. L’homme déposa les
cailloux propres dans la marmite pleine d’eau et dit : Hmmm, avec un peu
de sel et des herbes ce serait meilleur.
« J’en ai, j’en ai »
dit la fermière qui revint aussitôt avec son tablier plein d’herbes
savoureuses.
« Et si on ajoutait
des carottes et des choux, « dit l’homme tout en brassant la soupe.
« J’en ai, j’en ai »
dit l’autre. Et soudain, la mémoire des villageois leur revint. Quelqu’un apporta
quelques pommes de terre et des oignons, le boucher trouva un petit bout de bœuf salé, un
autre un morceau de saucisson, des champignons, et ainsi de suite.
Enfin, la soupe est prête.
Un baril de vin a été
roulé sur la place, les tables mises et tous les villageois ont mangé cette
délicieuse soupe. Les villageois ont chanté et dansé toute la soirée après
avoir mangé cette soupe exquise.
Le lendemain, l’homme se
réveilla et trouva du pain et du fromage à ses pieds afin qu’il puisse
continuer sa route. L’aîné du village
lui dit : « Tu nous as donné le plus beau des cadeaux; le secret de
la soupe de cailloux et nous l’oublierons jamais ».
« Mais ce n’est pas
un secret dit l’homme, c’est seulement dans le partage que nous pouvons faire
un festin ».
Cric, crac, croc, l’histoire
est terminée, comme disait Tante Lucille.
***
La soupe de pierre ou de
caillou existe vraiment. C’est en fait une recette que l’on retrouve dans
plusieurs régions d’Europe. Certains disent même qu’en mettant un galet de rivière
d’une dizaine de centimètres dans la soupe, il agit comme un pilon qui écrase
les ingrédients. Je ne l’ai pas essayé. Ce matin, je vous offre la version
portugaise qui ne fait pas cela car vous ajoutez les galets à la fin.
Ingrédients pour 6 à 8 personnes.
1 chorizo
1 saucisson de votre choix
2 pattes de porc
3 pommes de terre moyennes
1 boîte d’haricots rouges
2 gousses d'ail hachées
1 gros oignon émincé
1 petit bouquet de persil
2 carottes
2 pommes de terre
1 petit chou
1feuille de laurier
4 cuillères à soupe
d'huile d'olive
2 beaux galets pour
respecter la tradition
Égoutter et réserver les
haricots. Pendant ce temps cuire les 3 saucissons dans une casserole d'eau non
salée pendant environ 1/4 d'heure. Les piquer avec une fourchette pour
vérifier la cuisson. Réserver et garder l’eau de cuisson. Faites brunir
les pattes de porc dans un peu de corps gras. Si vous voulez des pattes
désossées, vous faites cuire les pattes dans l’eau pendant une heure.
Dans une grande marmite
faire revenir l'ail et l'oignon hachés dans l'huile d'olive. Ajouter le
laurier, les pommes de terre coupées en dés et les carottes. Mélanger. Dorer 2
minutes. Ajouter les pattes de porc et les saucissons chorizos coupés en
morceaux Couvrir de liquide à niveau en utilisant le bouillon de cuisson des saucissons.
Ajouter le bouquet de persil, saler et poivrer. Porter à ébullition. Baisser à
feu doux et mijoter pendant 1 petite heure en surveillant le niveau de l'eau.
Ajouter les haricots 15 minutes avant la fin de la cuisson. Garnir le fond de
la soupière avec 2 galets bien nettoyés.
Et voilà, je fais
exception aujourd’hui car je n’ai pas essayé cette recette, mais je trouvais l’histoire
tellement belle. Et puis j’avais tellement le goût de savourer un peu de
solidarité.
Je vous embrasse mes amis.